B. Cyrulnik ; E. Morin : «  Dialogue sur la nature humaine »

 

« La pensée occidentale (et c’est son grand piège) a fini par croire que la partie peut être séparée du tout, alors que la partie est un élément du tout. » p. 10

 

« On a même oublié que l’expérimentation consistait à prendre un corps hors de son milieu naturel et à le faire travailler , l’influencer dans un milieu artificiel. On a développé les techniques de manipulation dans tous les domaines en oubliant du même coup la réalité des êtres vivants (…) » p. 12

 

« L’homme naît d’abord, puis il naît à la condition humaine. » p. 19

 

« Mais dans le monde vivant, l’avantage de la néoténie est que l’homme peut biologiquement continuer à façonner son cerveau, sous l’effet des pressions de l’environnement. » p. 20

 

« Avant ma naissance, j’existais déjà dans les gamètes de mes parents ; après ma mort, je continuerai à exister dans mes enfants et peut-être même dans deux ou trois idées. » p. 34

 

« En fait, je pense que nous devrions vivre avec des théories et non pas des doctrines, c’est-à-dire des idées auxquelles nous croyons mais dont nous n’avons pas la certitude absolue. »

p. 39

 

« La vie est une navigation sur un océan d’incertitude, à travers des archipels de certitude. »

p. 39

 

« (…) la liberté c’est l’autonomie, c’est la capacité d’initiative et créative, mais c’est aussi la capacité de crime. Il est évident que nous ne pouvons souhaiter la liberté que si les esprits libres possèdent en eux, de façon très intérieure, le sens de la communauté. » p. 50

 

« C’est une société, aux contraintes très faibles, où les individus et les groupes auraient beaucoup d’autonomie et d’initiative. » p. 50

 

« Je crois que s’il y a une seule vérité, elle ne peut pas être morale, au contraire elle est criminelle. » p.60

 

« Qu’est-ce que l’empathie ? dans le fond, c’est un processus de projection et d’identification. Je me projette sur autrui et cet autrui, je l’identifie à moi. C’est le moment où je sens que je suis toi, où l’autre s’ouvre en quelque sorte car il cesse d’être un objet soumis à l’explication. La compréhension, c’est la façon qu’a un sujet de connaître un autre sujet. Si je vois l’autre pleurer, je ne saurais pas ce que cela signifie en faisant une analyse chimique de ses larmes. Par contre, je le comprendrai parfaitement si je sais que je peux pleurer parce que j’ai du chagrin. » p. 61

 

« La naissance du sens », B. Cyrulnik, Ed° Hachette-Pluriel, Col° Psychologie, 1995 .

 

-         « Ainsi se présente le « monde » des animaux, déjà transi de sens, même si ce sens n’est pas le nôtre. Les observations des éthologues s’inscrivent en faux contre les conceptions de philosophes et de psychologues qui ne veulent voir dans les animaux que de pauvres machines livrées à la loi d’airain du « stimulus-réponse ». Dès qu’il perçoit, l’animal confère du sens aux choses qui constituent son monde. Sur l’univers physique, il prélève un matériau à partir duquel il construit ses « objets » propres. » p. 27

 

-         « Le propose de parler d’« intelligence perceptuelle » pour désigner cette activité de sélection et d’interprétation qui marque déjà la réception des stimulations sensorielles effectuée par des animaux. Lesdites stimulations ne consistent pas en données ‘brutes » ; il n’y a là aucune information « en soi ». » p. 33

 

-         « Les éthologues doivent donc se garder de tenir le monde animal pour un monde physico-chimique, mais au contraire tenter, par observations dirigées et comparaisons, d’y repérer le sens qui y circule déjà. » p. 35