Un chemin de terre. De quelle terre ?… Où suis-je ? Je marche, mais je ne sais depuis quand. Curieux endroit ! Banal. Un chemin de terre, poussiéreux semé de petits blocs de pierres blanchâtres, inégales. La marche est chaotique ; mes pieds vont bientôt souffrir. Le chemin n’est pas large, et sur le bord : une légère bande d’herbes brûlées par la morsure du soleil. Un cimetière végétale, une terre de désolation semblant vide d’existence. dominé par d’immenses buissons épineux, impénétrables. Je sens une vie lente qui coule dans ces branches agressives, veinées de rouge. Impossible de voir ce qu’il y a derrière. Il n’y a qu’un chemin, et je ne peux m’en détourner ? il s’étend loin, raide, en érection vers la fin du monde. Le soleil donne à cet horizon une épaisse substance translucide animée de mouvements marins… tel de l’éther.

Ici, l’air est chaud, pauvre sec… sans oxygène ni espoir. Les raies lumineuses s’écrasent sur le sol, et ses jettent dans le fond de mes yeux. Mon regard, ma perception s’atténue. je navigue dans un brouillard invisible, la tête compressée par un insubstanciel étau, chauffé au rouge…

Mais comment suis-je arrivé ici ? Puis-je en repartir si je ne sais comment je suis venu ? Une vague sensation d’angoisse m’envahit… comme une caresse volubile d’une main pleine de haine. Telle une présence, mais sans matière. La solitude. N’y a-t-il donc que moi en ce lieu ?

Il faut que j’avance, au bout peut-être y aura-t-il une solution, une habitation, une indication quelconque.

 

Cela fait déjà deux heures que je marche dans ce décor perdu, pleins d’invisibles. le soleil est toujours aussi haut. Il me regarde de son unique œil. Un œil qui pénètre tous le corps, qui fait fuir toute mon eau. Il va bientôt falloir trouver une source. Ma langue se colle de plus en plus à mon palet… elle est pâteuse. C’est comme si elle avait gonflé et qu’elle malaxait les quelques gouttes de salive restantes.

La chaleur m’écrase. tous mes muscles sont lourds, tendus. Ils n’en peuvent plus de porter ce poids bouillonnant… Et toujours rien à l’horizon, la même terre, les mêmes buissons infernaux, le même chemin.

Putain… qu’est-ce que c’est que cette connerie ? C’est un test ? C’est un piège à con ! Ca fait deux heures que j’marche comme un con… Où ? Je ne sais pas ! Ce que j’fous là ? Pareil ! D’un seul coup je suis là, sur ce chemin en terre, dans un état semi-conscient. Je…